lundi 19 novembre 2012

Gaspard

Les jeux électroniques n'avaient jamais trop fait rêver Gaspard. Ce n'était pas une question d'époque, il était né avec, avait baigné dedans, abreuvé de publicités vantant les toutes dernières technologies. Lui ne lorgnait que vers les jeux d'autrefois, les bilboquets, les bateaux de bois, les billes. Il voulait des billes, cherchait toujours la nuance ultime qu'il n'avait pas encore, comme le faisaient les filles avec leurs vernis à ongles. Comme elles, il guettait tantôt la brillance, la transparence, le nacré, le pailleté, l'essence. Mais ce qu'il préférait, c'était son bateau, sa voile rouge, sa coque blanche, qu'il avait fallu repeindre, d'ailleurs, une fois. Oh il n'était pas téléguidé, n'avait pas de moteur, ne se transformait pas en super héros en appuyant sur un bouton. C'est juste un bateau, et ça tombait bien, parce que c'était précisément ce qu'on lui demandait d'être. Chaque dimanche, Gaspard partait, le jouet sous le bras, et allait faire tourner son bateau sur les eaux plates du Jardin du Luxembourg. Il s'installait au bord du bassin rond, et c'était tout. 
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