vendredi 3 octobre 2014

Laisser aller sur le Bosphore


J'avais, au départ du voyage, quelques doutes autour de l'énorme industrie des croisières sur le Bosphore à Istanbul, et surtout, sur ma motivation à y contribuer. 
Sur place, de la rive européenne à la rive asiatique, aux embarcadères de Beşiktaş, de Kadikoy, de Kabataş, d'Eminonü, que nous fréquentions régulièrement pour emprunter les bateaux bus, partout des rabatteurs de diverses compagnies privées tentaient de nous glisser entre les doigts leurs prospectus pour nous convaincre de partir voguer sur un de leurs bateaux. Cela me convainquait encore moins. 
  

Pourtant, plus j'y songeais, plus je crois que l'idée de quitter Istanbul sans avoir sillonné le Bosphore ne passait pas. Moi qui suis très clairement une fille de l'Atlantique,  et qui l'aime, cet océan, je suis toujours un peu grisée par l'idée de me retrouver face à des eaux inconnues. Le Bosphore m'appelait sans doute trop fort pour que je puisse sérieusement envisager de passer mon chemin. Pour ne pas nourrir de regrets, je l'ai donc faite, cette croisière. Non sans quelques petits arrangements avec ma conscience et quelques compromis avec le parcours initial.


Pour court-circuiter toute réflexion sur le choix de la compagnie et ne pas perdre du temps à comparer de menus détails sur les publicités de bateaux cherchant légitimement à se démarquer de leurs voisins, exit tous les prospectus récupérés, nous avons tout bêtement choisi la compagnie "officielle", Sehir Hatlari... Il existe sûrement mieux, plus "intimiste", sûrement moins bien aussi. L'un dans l'autre, j'ai apprécié cette balade pour ce qu'elle était, à savoir une tranquille entorse à toutes les autres journées passées à arpenter la ville sous un Soleil de plomb, suer à grosses gouttes et se convaincre de notre acclimatation prochaine à la chaleur turque.

J'ai apprécié, simplement, ce petit moment de laisser aller, ce petit bol de fraicheur, autorisant la côte européenne à me passer en revue toutes les beautés qu'elle avait à offrir. 


Sur le bateau, mon conseil serait d'arriver au moins une demi heure en avance (si vous voyagez en période de forte affluence touristique), afin de trouver une place intéressante pour la croisière. Sur ce parcours, la côte européenne est plus riche en termes d'architecture, de points de vue et de monuments historiques que la côté asiatique. Il vaut donc mieux s'asseoir sur le côté gauche du bateau si c'est ce que vous venez chercher. La rive asiatique est formidablement belle également, mais offrira davantage de forêts et de nature à vos yeux. 


Au départ d'Eminonü, j'ai fait le choix d'opter pour un aller simple seulement. Pour un aller-retour, les voyageurs doivent rester trois heures dans le village tenant lieu de terminus, Anadolu Kavagi, côté Asie. Tous les guides touristiques que j'ai lus semblaient me lancer des messages d'alerte quant au vase clos que constitue ce village en matière de boutiques et de restaurants clairement destinés aux touristes. Ayant pris un peu peur de ce qui pouvait m'attendre dans cet endroit, et n'étant pas très à l'aise avec la perspective de me retrouver potentiellement coincée dans un lieu qui ne correspondrait peut-être pas à mes attentes, j'ai préféré m'arrêter à l'avant-dernier arrêt, Sariyer, sur la côte européenne, et de regagner le point de départ par mes propres moyens, sur la terre ferme, au gré d'un parcours dont je resterais maîtresse. 


Même si je ne saurai pas ce que j'ai manqué à Anadolu Kavagi (il y a semble-t-il une très jolie forteresse à visiter), je ne regrette pas du tout ce choix. Je ne pense pas que le retour en croisière m'aurait apporté quelque chose significativement différent de ce dont on m'avait déjà largement régalé les yeux sur l'itinéraire aller. Et ce choix m'a m'offert la possibilité de découvrir Sariyer, de m'y aventurer, de trouver le temps de m'y perdre, d'y déjeuner, et d'y déguster par la même occasion le meilleur poisson de toute ma vie sur une terrasse avec vue sur le Bosphore, au restaurant Dolphin Balık. 

Au final, je l'ai beaucoup appréciée, cette croisière. Istanbul en plein mois d'août est un voyage riche de rencontres et de découvertes, mais au cours duquel il faut composer avec une chaleur ressentie très forte, à laquelle je ne suis pas vraiment habituée. Je crois qu'à ce moment-là, le Bosphore, m'a offert tout ce dont j'avais alors besoin, une superbe bulle d'air avec vue. 

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