mardi 1 décembre 2015

32 tissages d'enfants


En novembre, je me suis attelée à un atelier tissage avec des enfants de 8 à 10 ans. 32 enfants. Plus d'une fois, je me suis rappelée du nombre de participants généralement conviés dans les ateliers créatifs adultes, rarement au-dessus de 20 personnes, et je me suis demandé ce qui m'était bien passé par la tête pour décider de m'engager dans une telle entreprise. 

Plus d'une fois j'ai cru devenir chèvre et céder à la panique en attendant de petites voix m'appeler simultanément à la rescousse. Au fil des semaines, j'ai classé avec eux les urgences "besoin d'aide" / "Je crois que j'ai un gros problème" / "Mon tissage s'est tout cassé" ! / "J'arrive pas à faire un truc !" de la plus bénigne à la plus... urgente, les priorisant et instaurant un code rouge permettant de me faire arrêter tout autre activité et de me faire rappliquer dans la seconde en cas de fil parti de la chaine de montage pour se tailler la malle parmi les rangs déjà tissés. Ceci a permis de ne plus avoir de sueur froide (d'en avoir moins) chaque fois qu'on me sollicitait sur un ton grave. 

Petit à petit, certains ne m'ont plus sollicitée, parfaitement autonomes et consciencieux dans leur tâche. Mieux, j'ai parfois pu déléguer lorsque j'étais prise par une urgence "code rouge", renvoyer quelques enfants demander un tutorat à un autre maîtrisant parfaitement la technique des franges. De petits groupes se sont formés pour tresser des fils de laine qu'ils tisseraient ensuite. 
Ils se sont mis à deux pour couper les fils, difficiles à cisailler avec les lames de leurs petits ciseaux d'enfants. 

J'ai vu certains garçons, au début très réticents pour s'impliquer sur une activité "de fille" , se prendre au jeu et tisser en tirant un peu la langue d'application, se lançant dans des analyses de style, se prononçant sur les harmonies de couleurs, s'exprimant sur le mélange de textures. J'ai utilisé le tableau blanc numérique de leur classe pour y projeter des photographies des tissages que j'aime, ceux de Maryanne Moodie, de Morganours et de Jésus Sauvage pour ne citer qu'elles, et j'ai souri en les entendant réagir avec des "Wow", des "Trop beaux" et autres "Stylé !"

Le 16 novembre, j'étais avec eux. Nous faisions une minute de silence, puis nous nous serrions les coudes, et je regardais, attendrie, ce garçon aller chercher dans la réserve des pelotes de laine bleu, blanc, rouge, pour continuer son tissage en hommage à la France qui pleurait. 


Esprit récup' jusqu'au bout, nous avons réalisé ces tissages sur des morceaux de carton rectangles. Il était bien évidemment impensable de disposer de 32 vrais métiers à tisser, donc nous nous sommes satisfaits de ce matériel de fortune, en découpant un même nombre de fentes en haut et en bas du carton pour y insérer les fils de chaine.
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4 commentaires:

  1. Ils sont vraiment sympas tous ces tissages! J'aime bien l'ajout des coquillages :)
    Je suis animatrice depuis environ 9 ans. Chaque été, j'anime des camps et ce que je préfère, ce sont les bricolages. Pour les garçons qui sont réticents aux trucs de filles, je n'ai jamais eu. Ils sont souvent très appliqué quelque soit le bricolage.
    Mais 32 enfants tout de même! T'étais toute seule alors? Nous on est toujours au minimum 3 animateurs pour autant d'enfants (c'est hyper stricte pour les assurances, etc. Bref) donc à une ça devait être un sacré travail. Très bonne idée le "code rouge", je retiens. D'ailleurs, c'est une très bonne idée de bricolage, je note :)

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    1. Merci pour ce commentaire. 32 à moi toute seule, j'ai beaucoup de chance, oui. (pfou, pfou) Je suis leur enseignante, ceci explique cela. ;)
      Ravie d'avoir pu t'inspirer un peu !

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  2. Bravo, c'est un sacré challenge de s'occuper de tant d'enfants, mais c'est une activité super, très créative ! Et le rendu est magnifique !

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    1. C'était sportif, je le concède ! Mais je crois, oui, que le jeu en valait la chandelle.

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